Article sur la SIG dans BasketNews

J'ai recopié ce très intéressant article que BasketNews a consacré à la SIG:



La crise ? On n’en est pas passée loin. La victoire indiscutable sur le BCM vient mette du baume sur un grand corps malade. Rumeurs diffuses de changement de coach. Puis « mise en examen » du meneur Lonnie Cooper, menacée… de coupure. Président, coach, et surtout meneur sur la sellette : BasketNews donne la parole aux acteurs. Instructif.

Par Thomas Urbain

Eric Girard a beau relativiser, prendre du recul, la large victoire de Strasbourg contre Gravelines au Rhenus a tout d’un soulagement. Défaits trois fois lors de leurs quatre derniers matchs de pro A, les Alsaciens pointaient, avant cette rencontre, à l’avant-dernière place du championnat. La relégation n’était pas encore à l’ordre du jour, mais l’atmosphère s’était nettement tendue. « Ce n’est pas grave de perdre au Mans. Par contre, certains matchs qu’on a perdus au Rhenus, ça, ça peut déplaire », expliquait Jérôme Christ à quelques heures de la réception du BCM. Le président de la SIG évoquait sans doute le revers face au Havre.
Après ce succès contre Gravelines, Strasbourg est dixième ex aequo, avec un bilan qui se rapproche de l’équilibre (5-7). Le champion 2005 a même rejoint son successeur au palmarès, le Mans. A Strasbourg, on respire un peu mieux. « Il ne faut pas faire de catastrophisme sur notre début de saison », se défend Girard, qui admet néanmoins que « l’équipe est en train de relever la tête et de trouver son rythme. » La réaction la plus attendue, celle du meneur Lonnie Cooper, s’est produite. S’il n’a inscrit que 8 points en 18 minutes, trop vite lesté par les fautes, l’ancien Palois a signé la meilleure évaluation de son équipe (16) et ainsi obtenu sa note la plus élevée depuis le début de saison. « Les discours tenus ont peut-être porté leurs fruits », avançait Girard samedi soir après le match contre Gravelines, constatant que son meneur « avait tout de même une certaine pression. »
Une semaine plus tôt, Christ, peu coutumier du fait, était monté au créneau pour avertir le joueur par voie de presse. Tancé pour ses insuffisances, tant en défense qu’en attaque, Cooper le convalescent passait, instantanément, du statut de la victime à celui du coupable. « Il ne nous apporte pas satisfaction, » résumait Christ. « Il n’y a pas d’erreur sur le profil du joueur, mais sur son efficacité », soulignait-il, fixant même un échéancier : « il faut qu’il démontre qu’il peut mieux faire durant les deux prochains matches. » Un après Cooper semblait même avoir déjà été évoqué en interne, le président indiquant que « son départ ne signifierait pas forcément un remplacement ». En cause, les performances du « point guard », à qui l’on reprochait une adresse calamiteuse (32.8% avant le passage des maritimes), un manque d’influence sur le collectif en attaque et une trop faible implication en défense. S’il concédait, à demi mots, que son rendement était insuffisant, Cooper vivait très mal cette mise en exergue. « J’ai entendu qu’ils disaient dans les journaux que si je continuais à jouer comme ça, ils allaient me couper. Mais je m’en fous. Je sais que je suis un bon joueur. Je l’ai prouvé l’an dernier », se défendait le meneur trentenaire. Il contestait avec vigueur l’approche qui consistait à en faire la principale raison des maux alsaciens. « On pointe les gens du doigt. Mais ce n’est pas la solution. Je ne suis pas la raison pour laquelle cette équipe perd », affirmait-il avant le match contre Gravelines. « Je ne peux pas mener le jeu si je n’ai pas la balle en main », poursuivait-il. « Je ne peux pas passer la balle et regarder les gars faire du pick and roll tout le match. Si vous nous avez vu jouer cette saison, c’est ce que nous faisons. »

Un convalescent, le souffle court…

Une manière d’évacuer un peu la pression, en répartissant les responsabilités. « Durant la préparation, nous jouions différemment. Nous étions collectifs, nous partagions le ballon », expliquait-il. « Il n’y avait pas un type qui mettait quarante points et un autre deux. La marque était beaucoup mieux répartie. » Une analyse partiellement confirmée par Girard. « C’est vrai que quand il est revenu, les joueurs avaient développé des attitudes plus individualistes. Il a dû reprendre ça en main », reconnaît-il, tout en plaçant le commentaire en perspective. « De son côté, comme le basket moderne accorde une place importante à la première intention et à la vitesse, il lui a fallu lâcher le ballon un peu plus vite. Donc tout le monde fait des concessions. »
Visiblement soucieux d’arrondir les angles et de préserver son groupe, la victoire faisant sensiblement retomber la pression, Girard explique également les difficultés de Cooper par son retour de blessure, jugé hâtif. Opéré d’une calcification à la cheville droite le 26 septembre, son indisponibilité était alors évaluée à six semaines. Le retour aurait donc théoriquement dû intervenir début novembre. Mais, après le feu vert du staff médical, Cooper était sur le parquet le 15 octobre. « Avec l’autorisation médicale, on l’a réinjecté sans doute trop tôt. C’était de la bonne volonté de sa part, mais cela lui a été préjudiciable par la suite. Il a mis un mois, un mois et demi pour bien revenir après son opération », estime son entraîneur.
L’analyse est néanmoins réfutée par le joueur. « Ma blessure n’explique pas ce qui se passe. Si je me suis pressé pour revenir, cela n’a joué que sur un ou deux matches », affirme-t-il. Cooper ne veut attribuer ses prestations qu’aux quelques errements collectifs de la SIG et à une définition de son rôle qu’il juge évolutive. Selon lui, sa faible moyenne offensive (9.2 pts par match) figurerait au rang des griefs du club alors que cela ne lui avait pas été initialement présenté comme une priorité. « Je sais que je peux marquer des points, ce n’est pas un problème. Mais il faut me dire si vous voulez que je sois un meneur ou un scoreur », demande-il. Un argument qui semble relever de l’incompréhension pour Girard. « Il n’a pas mis 25 points contre Gravelines, mais il a sa meilleure évaluation de la saison. Depuis que je coache, je n’ai jamais demandé à mes meneurs de marquer 20 points par match », rectifie le coach.

La défense en chantier

Bien que Cooper ne veuille pas l’entendre, il semble donc que ses médiocres sorties de l’automne soient bien attribuables à un manque de condition dû à sa blessure, à une légère incompréhension quant à sa mission et à l’évolution du groupe en son défense, lequel s’était rendu coupable de quelques travers. Une version corroborée par le volet défensif du dossier, jugé tout aussi préoccupant par Christ, pour lequel Cooper ne possède pas de véritable argument. Défenseur moyen au départ, le double champion de Finlande (2001 et 2002) voyait ses carences soulignées par un physique encore précaire. Parallèlement, le plan mis en place par Girard pour masquer les insuffisances de Cooper, mais aussi celles du groupe en général, ne fonctionnait plus. « Tout le monde sait que Lonnie n’est pas quelqu’un qui va mettre une pression défensive comme le font certains arrières. Donc, on avait décidé d’avoir une stratégie un peu différente et de changer sur tous les écrans », détaille-t-il. « En plus, on avait de la taille sur les postes extérieurs, mais pas de forts défenseurs en un contre un, et des intérieurs de petite taille, mais plutôt mobiles. Le problème, c’est qu’on s’est retrouvé ave Gauthier Darrigand ou Afik Nissim au poste de meneur de jeu, donc avec des joueurs beaucoup plus petits et beaucoup mois physiques. »
Cooper à nouveau en mesure de jouer de sa taille et de son physique, les automatismes collectifs s’installant, la défense alsacienne est franchement montée en puissance depuis une dizaine de jours. Le Strasbourg Illkirch Graffenstaden n’a ainsi concédé que 63 points et 65 points au Mans et contre Gravelines, alors que jusqu’ici, il n’avait tenu qu’une seule fois son adversaire à moins de 70 points en dix journées de pro A. Référence en la matière ces deux dernières saisons, la SIG n’était que seizième défense du championnat en termes de points encaissés avant ses deux dernières sorties.
A l’image de l’approche défensive de Girard, basée sur la compensation et la solidarité, il apparaît que les rouges et blancs vivent cette saison d’artifices, d’écrans de fumées et de fausses pistes. Manque de qualité défensive individuelle, de capacités athlétiques, l’équipe est à contre-courant de la tendance lourde qui marque la pro A. Pour beaucoup, dans l’équipe, ce déficit athlétique explique notamment le décalage qui a perduré entre les résultats enregistrés en championnat, et ceux ramenés du front européen. Avant la cinquième journée d’ULEB Cup, la SIG était, en effet, toujours en tête de sa poule et se dirigeait sereinement vers une qualification pour les phases finales d’une compétition très relevée. De retour en pro A, Strasbourg se retrouve confronté à un autre basket, qui lui convient peut-être moins. « Nous ne somme pas aussi athlétiques que la plupart des autres équipes de pro A », confirme le capitaine John Mc Cord. « Nous pouvons seulement compenser en étant plus durs physiquement. »
Davantage encore que les difficultés rencontrées par Cooper, Darrigand ou Smith, eux aussi brièvement mis en cause par Christ, le nœud du problème paraît être là. Censée masquer ses déficiences par un surcroît d’intensité, l’équipe n’a plus la petite touche de méchanceté qui avait fait son succès ces deux dernières saisons. « Certains joueurs ont peut-être moins d’agressivité naturelle, de charisme, que la saison dernière », glisse Girard. « On ne remplace pas comme ça des joueurs comme Aymeric Jeanneau, Ricardo Greer ou Crawford Palmer. » Garant de cet état d’esprit, Mc Cord va plus loin : « Nous avons une équipe de gentils garçons. La saison dernière, nous n’accordions jamais un lay-up facile sans faire de faute. Cette année, nous ne le faisons pas. Mais vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à être méchant, à devenir méchant. »
Des caractéristiques qui justifient probablement les premiers résultats de Strasbourg. Sur les dix premiers matchs de championnat, le demi-finaliste sortant a systématiquement mené, concédant cinq de ses six défaites sur un écart inférieur à sept points. « Tous les matches que nous avons perdus cette saison se sont joués dans les cinq dernières minutes. Nous devons apprendre à conclure un match », prévient Cooper. La victoire contre le BCM, acquise très tôt dans le match, n’a d’ailleurs pas rassuré sur ce point.
La SIG, cuvée 2007, ne pourra pas gagner sur les mêmes bases que sa glorieuse devancière. Fragile, elle supporte sans doute mal les changements de temps et s’enrhume vite. Elle ne gagnera qu’à la stabilité, à la solidarité, à l’enthousiasme. Or malgré l’épisode Cooper, sa force est bien là. « Ce sont des joueurs qui sont bien ensemble, c’est un bon groupe, très homogène », remarque Christ. Une impression confirmée par tous les observateurs, en interne comme en externe. Plus encore que ces deux dernières années, l’aventure de Strasbourg cette saison sera d’abord humaine. « Le temps joue pour nous », dit Girard.

Article très intéressant.
Merci "moi" pour ce recopiage.

C'est très pertinent de donner la parole a certains joueurs, pour entendre d'autres sons de cloche. Et... il n'y a pas mieux placé que McCord pour ça...

Les paroles de Cooper, avant la réception de Gravelines, me paraissent assez...i,quiètantes (il parle de "cette" equipe etc...)
Mais bon maintenant qu'il est toujours là, c'est mieux

Namele a écrit:Les paroles de Cooper, avant la réception de Gravelines, me paraissent assez...i,quiètantes (il parle de "cette" equipe etc...)
Mais bon maintenant qu'il est toujours là, c'est mieux

C'est jamais évident pour qui que ce soit de se faire pointer du doigt comme etant celui qui fait perdre! Surtout si on a un peu de fierté personnelle!
Il est sur la défensive, je pense que c'est humain. Tu réagirais comment toi?

Greg

C'est vrai qu'il était pas dans une situation évidente, et après avoir relu, je pense qu'il s'incluait dans le "cette" équipe...

J'étais en train lire BN là et je vois la pub poyr le DVD officiel de la saison 2006-2007.

qq l'a acheté ? Je vois dans les nombreux reportages : Chuck Eidson, révélation à laSIG.

Le reportage vaut le coup ?

Jack a écrit:J'étais en train lire BN là et je vois la pub poyr le DVD officiel de la saison 2006-2007.

qq l'a acheté ? Je vois dans les nombreux reportages : Chuck Eidson, révélation à laSIG.

Le reportage vaut le coup ?

Le dvd est vraiment bien mais pauvre en image de la sig

ok merci donc rien de bien long sur Chuck ?

Basketnews s'intéresse au "Flop 5" de la saison.

Evidemment, la SIG est visée. Je vous donne la teneur de l'article :

Déjà, contrairement à d'autres équipes, l'heure n'est pas au catastrophisme en raison du calendrier (ASVEL, Roanne, Cholet, Nancy). Eric reconnaît un faux pas (Cholet). La difficulté du calendrier est avancé.
Le deuxième argument avancé est la blessure de Houston et le rendement de Lewis. Eric tient des propos durs. Extrait : "Il est arrivé dans une forme comme j'ai rarement vu pour un joueur pro [...] On s'est dit alors qu'il serait difficile de trouver un autre joueur une fois la saison lancée, donc on l'a monté à un niveau de forme correct. En présaison, il a fait des matches en trompe l'oeil, mais au final, il a été inexistant. Et puis, j'ai rarement vu un joueur aussi suffisant, aussi peu concerné par l'objectif et peu ambitieux. Bon, on a fait une erreur." Dès lors, c'est le déséquilibre créé qui est soulevé : Afik et Derrick ne trouvent pas la mire, et Lewin a essentiellement un rôle défensif.
Enfin, Eric se dit insatisfait du basket développé. Parmi les secteurs défaillants, BN relève les 3 pts (25.4 %), les passes (12.0), et l'agressivité (seulement 12.5 lancers tentés en moyenne).

BN s'intéresse ensuite aux raisons d'espérer. Je laisse la parole à Eric : "Un moment, je me suis posé la question de l'état d'esprit. Là où j'ai été totalement rassuré, c'est à Nancy. On a joué sans peur au ventre, on a été bien, dans l'envie et dans ce qu'on voulait faire. Il nous a manqué quelques petits trucs." Le rendement des Anciens (John et Sacha), ainsi que celui de Shannon est mis en avant. Pour conclure, Eric se veut optimiste : "On sait pourquoi on n'a pas été bons. On sait qu'on a des solutions. On veut se remettre à flot rapidement. Il n'y a pas de panique. Demain, ça ira mieux."

Pour finir, BN évoque les solutions. Déjà, l'hebdo salue la rapidité des recrutements. Eric nous parle de King : "Il sera apte à jouer 20 bonnes minutes [dès samedi]. Il nous fallait un joueur qui amène de la création, parce qu'on n'en a pas beaucoup."

Concernant Pettway, je me reporterai à l'article évoquant son arrivée. Eric s'explique. Selon lui, l'équipe a changé. Si les qualités de Houston étaient la dimension athlétique, la défense et le rebond, King s'illustre davantage aux shoots et dans la création. Du coup, le staff a souhaité compenser avec un intérieur rebondeur/contreur/défenseur, censé apporter "de l'énergie". Eric glisse tout de même qu'"entre ce qu'on voudrait et ce qu'on peut trouver, il y a toujours un écart."

En tout cas, selon Eric, King et Pettway permettent à la SIG de compenser ses manques.

moi a écrit:

En tout cas, selon Eric, King et Pettway permettent à la SIG de compenser ses manques.

Si Pettway a été recruté en fonction du recrutement de King cela veut surement dire que si ces 2 joueurs donnent satisfactions, King a de fortes chances de rester à la SIG jusqu'a la fin de la saison.

John White a écrit:

moi a écrit:

En tout cas, selon Eric, King et Pettway permettent à la SIG de compenser ses manques.

Si Pettway a été recruté en fonction du recrutement de King cela veut surement dire que si ces 2 joueurs donnent satisfactions, King a de fortes chances de rester à la SIG jusqu'a la fin de la saison.

C'est ce que je pense aussi. Pettway est en principe de toute façon prévu pour la saison. Pour King, si la SIG joue les premiers roles, moi ça me parait évident que la SIG ne va pas casser une dinamique pour réintégrer Houston, malgré toute l'estime que j'ai pour Kevin. Dans le sport, il n'y a malheureusement pas de place pour les sentiments.

A priori, en termes de complémentarité, King convient mieux à l'équipe que Houston, malgré tout le talent de ce dernier. J'ai le même sentiment que vous deux.